vendredi 23 décembre 2011

De retour après la pause

Ce blog fait relâche quelques jours pour la période de Noël. De retour durant la première semaine de janvier.

Je vous laisse sur une suggestion de série télévisée que je regarderai durant la pause hivernale. Vous la connaissez peut-être déjà, car elle est sur les ondes américaines (AMC) depuis 2008. Elle s'intitule Breaking Bad. L'histoire d'un professeur de chimie (Walter White) qui apprend qu'il est atteint d'un cancer du poumon. Pour payer ses coûteux traitements de chimiothérapie, il se lance dans le trafic des métamphétamines avec l'un de ses anciens étudiants (Jesse Pinkman).

Ce qui rend la série intéressante à mon avis, c'est de voir comment un personnage, qui n'a absolument rien d'un criminel et qui menait une vie rangée jusqu'à l'annonce de son cancer, se démène pour vendre sa drogue malgré tous les dangers qui sont rattachés à cette activité. L'acteur principal est Bryan Cranston et il a remporté l'Emmy Award du meilleur premier rôle masculin dans une série dramatique. Bon visionnement!

mardi 20 décembre 2011

Le décès oublié

La fin de semaine dernière, on apprenait la mort du dictateur nord-coréen Kim Jong-Il. Cette nouvelle est d'ailleurs celle qui, dans la journée d'hier, a eu le poids médiatique le plus lourd dans les médias canadiens, selon Influence Communication.

Cela n'est pas surprenant. Kim Jong-Il est depuis 1994 à la tête d'un pays incroyablement refermé sur lui-même, dans lequel la propagande, le contrôle de l'information et le culte de la personnalité occupent une place prépondérante. Impossible par exemple d'avoir accès à une émission de télévision ou de radio étrangère en Corée du Nord. On trouve aussi des hauts-parleurs dans les campagnes qui diffusent des messages faisant l'éloge du régime et du leader ("longue vie au cher dirigeant Kim Jong-Il", "le socialisme est une science"...). Par ailleurs, dès la petite école, les vertus du communisme sont enseignées et des prières sont adressées à Kim Jong Il, ce "Cher leader". Imagine-t-on avoir à louanger les vertus de Stephen Harper, dès la maternelle? C'est clair, le régime nord-coréen a de quoi fasciner et inquiéter. Nulle part ailleurs ne trouve-t-on un régime politique si contrôlant.

Malgré les questions importantes qui sont soulevées par la mort de Kim Jong-Il (avenir du programme nucléaire, relations avec la Corée du Sud...), cela a malheureusement détourné l'attention d'un autre décès qui devrait pourtant nous faire réfléchir: celui de Vaclav Havel, président de la Tchécoslovaquie de 1989 à 1992 et de la République tchèque de 1993 à 2003. Il était la principale figure de la "Révolution de velours" en 1989.

Le fossoyeur du communisme à Prague

Il y a un paradoxe étonnant dans les décès presque simultanés de Kim Jong-Il (samedi le 17 décembre) et de Vaclav Havel (dimanche le 18 décembre). Le premier était à la tête d'un des derniers régimes communistes de la planète. Selon toute vraisemblance, Kim Jong-Il serait même né en Russie dans un camp communiste, vers 1941. Décidément, il avait le communisme dans le sang!

Le second est une figure centrale de la dissidence au régime communiste que l'Union soviétique cherche à imposer à la Tchécoslovaquie, avec le coup de Prague en 1948 et l'invasion de Prague en 1968. Cet écrivain et dramaturge devient en 1977 l'un des porte-paroles d'un mouvement de défense des droits de l'homme qui rédige la Charte 77, une pétition destinée à mettre des pressions sur les autorités communistes. Havel est finalement emprisonné pendant cinq ans pour son opposition. Il y rédige alors un essai critique intitulé "Le pouvoir des sans pouvoirs". En 1989, peu après la chute du Mur de Berlin, Havel prend la tête des opposants au communisme (le Forum civique) et est propulsé à la présidence du pays.

Ce qu'il y a d'intéressant et qui porte à réfléchir dans le parcours de Havel, c'est que la route vers le pouvoir ne lui était pas toute tracée, contrairement à celle-de Kim Jong Il qui hérite du pouvoir de son père Kim Il-sung en 1994. Bien sûr, Vaclav Havel vient d'une famille bourgeoise et fortunée, mais celle-ci est justement dépossédée de ses biens suite au coup de Prague en 1948. Havel a aussi exercé plusieurs métiers (en plus d'être auteur, il a été machiniste et éclairagiste), alors que Kim Jong-il a fait partie de la nomenklatura du Parti des Travailleurs de Corée (PTC) dès sa jeunesse. À travers ses poèmes et ses pièces, Havel a fait réfléchir et a développé la culture de son peuple, alors que Kim Jong-il a maintenu le sien dans l'obscurité et la famine.

En fin de semaine dernière, c'est la photo de Vaclav Havel qui aurait dû faire la une des journaux, pas celle de Kim Jong-Il.





vendredi 16 décembre 2011

Rire jaune avec Réjean Ducharme

Je suis allé voir la pièce de théâtre Ha ha! hier au Théâtre du Nouveau Monde (TNM). La pièce a été écrite par Réjean Ducharme en 1978 et la mise en scène conçue par Dominic Champagne. Au niveau de la distribution, elle était assurée par les comédiens François Papineau, Sophie Cadieux, Marc Béland et Anne-Marie Cadieux.

L'oeuvre de Ducharme

Je ne suis pas très familier avec l'oeuvre de Réjean Ducharme. J'ai lu deux de ses romans, soient L'avalée des avalés et L'Hiver de force.

Le premier m'avait rebuté. Pour plusieurs, je sais qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre, mais je n'avais pas su digérer ce bouquin à l'époque (celle de mes 16 ans) où je l'avais lu. D'une part, je ne me reconnaissais pas dans l'histoire de cette jeune fille (Bérénice) névrosée et tiraillée par ses relations familiales difficiles. D'autre part, le style de l'auteur y est assez ardu et je n'ai pas eu la patience pour me battre outre mesure avec le texte.

J'ai beaucoup plus apprécié L'Hiver de force, cette histoire de deux correcteurs (André et Nicole) pathétiques qui tuent le temps et l'ennui par le visionnement de films, la consommation d'alcool et les virées dans les bars. Ducharme y critique notamment les pseudos intellectuels de gauche (hippies des années 1970) qui souhaitent réinventer le monde, mais se perdent plutôt dans un nihilisme destructeur. Le propos est plus près de mes préoccupations et le style plus accessible et surtout moins lourd que L'avalée des avalés.

J'arrivais donc au TNM avec une opinion partagée sur l'auteur et son oeuvre.

Ha ha!

Ha ha! raconte l'histoire de deux couples qui seront éventuellement appelés à cohabiter dans le même appartement. D'un coté Roger et Sophie, de l'autre Bernard et Mimi. Chacun des personnages est fortement névrosé, voire disjoncté.

Roger est un poète paresseux qui rédige ses "oeuvres" de son fauteuil, en fumant ses cigares et en insultant sa copine Sophie. Elle réagit aux quolibets de Roger de façon hystérique et comique, tout en l'insultant à son tour. Bernard lui n'a aucun autre intérêt que sa bouteille de vodka, tandis que Mimi est d'une naïveté et stupidité déconcertantes que tous cherchent malicieusement à exploiter à leur avantage.

Pendant deux heures, nous assistons donc à la descente aux enfers de ces quatre protagonistes, le tout - c'est étonnant - sur un ton humoristique. Un humour jaune et grinçant certes, mais un humour tout de même. C'est probablement la grande force de la pièce: celle de nous faire rire de situations qui ne devraient pas être drôles. Le texte est aussi rempli de jeux de mots et de néologismes parfois difficiles à saisir, mais souvent drôles et intelligents ("endurance-chômage", "lucifesse"...).

Je suis sorti du TNM soufflé par l'intensité de cette pièce et essoufflé par son rythme ultra-rapide. Le texte y est si riche que j'irai certainement me le procurer pour le lire et y apprécier les subtilités de langage de manière plus posée.

Suivez-ce lien pour une critique dans La Presse, ou encore écoutez Dominic Champagne présenter la pièce:

samedi 10 décembre 2011

Citation impromptue no2

Un collègue rappelait aujourd'hui sur sa page Facebook une citation d'Adam Smith (1723-1790) que je jugeais fort à propos. Je me permets de la partager ici.

Smith est ce philosophe et économiste écossais qui jeta certaines bases du libéralisme économique. On croit souvent que Smith ne fait que chanter les louanges du libre-marché, de la "main invisible" et du laisser-faire. Or, il se plaisait à rappeler, dans son ouvrage Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, qu'une société trop inégalitaire serait forcément malheureuse:

"Assurément, on ne doit pas regarder comme heu­reuse et prospère une société dont les membres les plus nombreux sont réduits à la pau­vreté et à la misère. La seule équité, d’ailleurs, exige que ceux qui nourrissent, ha­billent et logent tout le corps de la nation, aient, dans le produit de leur propre travail, une part suffisante pour être eux-mêmes passablement nourris, vêtus et logés".

Dans le contexte actuel du mouvement des indignés et de la crise économique mondiale, cette citation a forcément de quoi faire réfléchir.

jeudi 8 décembre 2011

Russie: l'impossible démocratie?

Dimanche dernier, le 4 décembre, il y avait des élections législatives en Russie. J'étais curieux d'en voir les résultats, car je me pose souvent cette question à savoir si la démocratie peut s'implanter dans le centre de l'ex empire soviétique, là où le communisme a été bien ancré pendant 74 ans. C'était entre autres la promesse et l'ambition de Mikhaël Gorbatchev, celui qui lança l'URSS sur la voie de la libéralisation économique et politique à partir du milieu des années 1980. Si le sujet vous intéresse, procurez-vous le dernier numéro du Courrier International qui porte sur cet enjeu.

Un autoritarisme bien implanté

En 2011, la Russie est tout sauf démocratique. D'une part, on sait que Vladimir Poutine (actuel premier ministre et ancien président) dirige la Russie depuis 1999 et qu'il entend continuer son règne encore pour de nombreuses années, fidèle à la longévité légendaire des tsars ou des anciens chefs d'État en URSS. Il a bien sûr "cédé" pendant quelques années son titre de président à Dimitri Medvedev, mais tout le monde sait que le changement n'était que cosmétique (afin de respecter à la lettre la Constitution qui limite le président à deux mandats consécutifs, mais en trahissant l'esprit) et que Poutine demeurait le véritable maître du jeu.

Par ailleurs, on sait que la liberté de presse est pratiquement inexistante en Russie. On y trouve bien des médias indépendants et contestataires, mais ceux-ci demeurent marginaux et quiconque va trop loin dans ses critiques risque d'en payer le prix fort. Rappelez-vous le sort qui avait été réservé à la journaliste Anna Politkovskaïa. Celle-ci avait été assassinée selon toute vraisemblance pour ses activités professionnelles. C'était une ardente critique du régime Poutine, notamment pour la guerre qu'il mena en Tchétchénie.

Le régime Poutine est aussi extrêmement centralisé. La corruption est endémique et l'élite du régime Poutine est constituée pour l'essentiel d'anciens du FSB (les services secrets, ancien KGB) qui contrôlent les conseils d'administration des grandes entreprises privées, notamment dans le secteur clé de l'énergie. Les gouverneurs des districts fédéraux (l'équivalant de nos provinces, en gros) sont nommés par le président, tout comme les membres du Conseil de la Fédération (la chambre des régions).

Sur le plan électoral

Sur le plan électoral, la réalité est tout aussi difficile, car la formation de nouveaux partis politiques est quasi impossible. Le pluralisme est fortement limité en Russie et l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a déploré le manque de transparence des élections de 2007, tout comme celles de dimanche dernier. Plusieurs manifestants sont justement sortis dans les rues dernièrement afin de protester contre le déroulement suspect des dernières élections.

Les résultats ont pourtant été plus faibles que prévus pour le parti Russie unie de Vladimir Poutine. Celui-ci a obtenu 50% des voix, mais conserve sa majorité absolue des sièges à la Douma (Parlement).

C'est une bonne nouvelle.

Il s'agit d'une baisse de 17 points de pourcentage par rapport aux élections de 2007. Vladimir Poutine est donc probablement moins populaire auprès de la population que l'on voudrait parfois nous le faire croire. Des sondages sont en effet sporadiquement rendus publics pour attester de "l'amour" que le peuple russe aurait à l'endroit de Poutine. Je reçois toujours ces sondages avec une part de suspicion et les récents résultats électoraux semblent confirmer mes doutes.

Enfin, on assiste en ce moment à une forte mobilisation populaire où l'on critique entre autres les fraudes qui ont entaché le processus électoral. Si l'on croit certains journalistes, il y aurait longtemps que nous n'aurions pas vu de manifestations d'une telle ampleur en Russie. Même Mikhaël Gorbatchev s'est mis de la partie, en réclamant ni plus ni moins la tenue d'un nouveau scrutin.

Le début d'un printemps russe en plein hiver? C'est possible.








lundi 5 décembre 2011

Le triste bilan des conservateurs

Depuis la création de ce blog, je n’ai rédigé aucun billet sur les conservateurs de Stephen Harper. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir du matériel pour en discuter. Chaque jour, ce gouvernement commet des bourdes et des âneries qui me font réagir, sans que je ne prenne le temps d’en glisser quelques mots. Ce qui me rassure, c’est que les conservateurs sont très peu populaires au Québec (5 sièges sur 166 à la Chambre des communes) et je sais ne pas être le seul à éprouver de la tristesse à les voir former un gouvernement majoritaire au fédéral.

En même temps, ce constat est inquiétant puisque c'est la première fois dans l'histoire de la fédération qu'un gouvernement devient majoritaire avec un si faible appui au Québec.

Je vous présente aujourd’hui une liste spontanée des raisons pour lesquelles je ne me reconnais pas du tout dans les politiques et les valeurs de ce gouvernement. Merci d’ajouter des éléments à cette liste pour me refraîchir la mémoire et\ou vous permettre d'exprimer votre indignation. Si toutefois vous approuvez ce gouvernement, je serais curieux de savoir pourquoi.

1. Le mépris de la démocratie

C'est probablement l'aspect le plus décevant du gouvernement Harper. Rappelez-vous que les conservateurs s'étaient faits élire pour la première fois en 2006 dans la foulée du scandale des commandites, avec comme promesses celles de la transparence et de l'assainissement des moeurs politiques. Or, il y a quelques semaines, les conservateurs plaidaient finalement coupables (après l'avoir longtemps nié) et reconnaissaient avoir dépensé illégalement 1,3 millions de dollars (par le stratagème du "in and out") durant la campagne électorale de 2006.

Par ailleurs, on sait que le Bureau du premier ministre contrôle la circulation de l'information comme rarement un gouvernement l'a fait auparavant. Les hauts-fonctionnaires et plusieurs ministres doivent ainsi obtenir sa permission avant de donner une entrevue à des journalistes. Lors d'annonces officielles importantes à l'extérieur de la capitale, les journalistes de la Tribune ne sont pas toujours avisés des déplacements du gouvernement, afin d'en privilégier quelques-uns triés sur le volet.

La plupart des journalistes au Canada se plaignent aussi des délais déraisonnables dans les réponses données par le gouvernement aux demandes d'accès à l'information (en vertu de la loi). En 2008, rappelez-vous qu'il avait été extrêmement difficile d'obtenir de l'information portant sur le sort des Afghans capturés par l'armée canadienne. On se demande par ailleurs pourquoi Omar Kadhr, le dernier détenu occidental à la prison de Guantanamo, n'est toujours pas rapatrié au Canada.

Enfin, rappelons-nous que depuis que les conservateurs sont au pouvoir, ils ont prorogé la session parlementaire à deux reprises, à chaque fois pour des motifs douteux et déraisonnables.

Observez avec attention les décisions et déclarations de ce gouvernement et vous constaterez qu'il agit comme si l'État lui appartenait. Les conservateurs pratiquent le culte du secret comme s'ils avaient tous les droits et surtout, comme si le peuple avait implicitement accepté de céder tous les siens. C'était la raison pour laquelle j'ai choisi cette citation de Hobbes pour mon billet d'hier (sur ce blog). Lisez cet excellent texte du philosophe Christian Nadeau qui développe l'idée d'un lien entre Hobbes et Harper.

2. Le mépris de l’environnement

Les conservateurs ont qualifié le protocole de Kyoto (sur la réduction des gaz à effet de serre) de "complot socialiste" et viennent de refuser d'adhérer au renouvellement de cette entente à Durban en Afrique du Sud. Rappelons que le protocole de Kyoto avait été signé par le Canada (à l'époque de Jean Chrétien), mais que nous n'en avons pas respecté les objectifs.

Le hic est double. Non seulement nous ne faisons pas notre part en matière de lutte au réchauffement climatique, mais notre réputation internationale est ternie et cela risque de coûter 19 milliards de dollars aux contribuables canadiens. Le protocole de Kyoto prévoyait en effet des pénalités pour les États qui ne respecteraient pas leurs engagements.

3. La négligence à propos du bilinguisme officiel

Les plus récents exemples sont les nominations d'unilingues anglophones à des postes prestigieux (Michael Moldaver à la Cour suprême, Michael Ferguson au poste de Vérificateur général et Angelo Persichelli comme directeur des communications de Harper). C'était la deuxième fois que Harper nommait un unilingue anglophone à la Cour suprême, après Marshall Rothstein.

La place laissée au français lors des Jeux olympiques de Vancouver était minime (le Commissaire aux langues officielles Graham Fraser l'a reconnu) et le ministre des Affaires étrangères John Baird n'utilise maintenant que des cartes professionnelles unilingues. Son site Web n'est disponible qu'en anglais, alors que 7% des électeurs de sa circonscription sont francophones.

4. La réhabilitation des symboles de la monarchie

Les exemples sont multiples: un tableau du peintre québécois Alfred Pellan a été retiré de l'entrée du ministère des Affaires étrangères (celui de John Baird) pour être remplacé par un portrait de la reine; une consigne a été donnée aux ambassades canadiennes pour qu'elles affichent elles aussi son portrait, on a renommé nos institutions militaires avec les appellations "Marine Royale canadienne" et "Aviation Royale canadienne"....

Il semble qu'une majorité de Canadiens approuve ces changements. Pour ma part, je ne me reconnais aucune affinité avec les symboles de la monarchie et je crois qu'il faudrait plutôt s'en débarrasser. On a tendance à négliger le fait que si notre système politique est à ce point centralisé entre les mains d'un premier ministre puissant et contrôlant, c'est précisément qu'il découle d'un système monarchique.

5. Le support inconditionnel à Israël

Jamais un gouvernement fédéral n'a manifesté un soutien si indéfectible à l'État d'Israël. Sans entrer ici dans les méandres du conflit israélo-palestinien, j'ai toujours apprécié davantage l'approche nuancée et tempérée des libéraux à cet égard. Récemment, le refus d'accepter l'entrée de la Palestine à l'UNESCO (et le retrait du financement octroyé à cette organisation) m'a déçu. Encore une fois, notre réputation internationale est affectée négativement et nous avons manqué une belle de chance de contribuer à la seule solution possible dans ce conflit: la naissance d'un État palestinien libre et indépendant.

6. Le retour du religieux dans le politique

On a tendance à l'oublier, mais durant ses premières années au pouvoir, Stephen Harper terminait plusieurs de ses discours par un " God Bless Canada".

En janvier 2011, une députée fédérale libérale tombe par terre à bord d'un avion, car elle se sent mal. Trois députés conservateurs se sont approchés d'elle non pour lui venir en aide, mais - tenez-vous bien - pour entamer des incantations et des prières!

Gary Goodyear, le ministre d'État aux Sciences et Technologies, a déjà affirmé qu'il était créationniste (il s'est rétracté par la suite).

C'est une réalité méconnue, mais la droite fondamentaliste exerce une influence très importante sur le gouvernement actuel. Marci McDonald, ancienne chef de bureau pour la revue Macleans, a justement publié un ouvrage sur cette question (The Armageddon Factor) que je me promets de lire durant la période des Fêtes. Elle soutient que plusieurs des valeurs défendues par le gouvernement s'expliquent par l'influence de ce lobby (position pro-Israël, position critique vis-à-vis l'avortement, position critique à l'endroit du mariage homosexuel...).

7. La baisse d'impôts aux corporations

Le gouvernement Harper a été particulièrement généreux envers les grandes corporations depuis son arrivée au pouvoir. En 2012, le Canada aura le plus faible taux d'impôts corporatifs du G7. Dans une période marquée par l'accroissement des inégalités au Canada, il me semble que l'on pourrait en exiger un peu plus du secteur privé.

Cette liste pourrait s'allonger davantage (abolition du registre des armes à feu, projet de loi C-10 en matière criminelle, abolition du recensement détaillé obligatoire....).

À votre avis, quelles ont été les pires décisions des conservateurs depuis qu'ils sont au pouvoir?

dimanche 4 décembre 2011

Citation impromptue no1

De temps à autre, je me propose de publier sur ce blogue une citation d'un penseur ou d'un acteur politique. Je lui associerai parfois une image, un commentaire ou une réflexion liée à l'actualité. Pour débuter cet exercice, je vous suggère une citation du philosophe anglais Thomas Hobbes (1588-1679), à propos de l'État. C'est tiré de son ouvrage classique en science politique: Léviathan.

" C'est plus que le consentement ou la concorde; il s'agit d'une unité réelle de tous en une seule et même personne, faite par convention de chacun avec chacun, de telle manière que c'est comme si chaque individu devait dire à tout individu: j'autorise cet homme ou cette assemblée d'hommes, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et autorises toutes ses actions de la même manière. Cela fait, la multitude, ainsi unie en une personne une, est appelé un ÉTAT, en latin, CIVITAS. Telle est la génération de ce grand LÉVIATHAN, ou plutôt (...) de ce dieu mortel, auquel nous devons, sous le dieu immortel, notre paix et notre défense".

Je vous laisse y réfléchir et j'y reviendrai dans mon prochain billet qui portera sur les conservateurs de Stephen Harper.

jeudi 1 décembre 2011

Battlefield 3: rejoignez la bataille

Ma dernière découverte en matière de jeux vidéo: Battlefield 3 sur PS3. Il s'agit d'un FPS (first person shooter) qui offre un mode campagne en solo ou un mode multijoueur en ligne. C'est un jeu de guerre ultramoderne dans lequel vous pouvez tout aussi bien vous retrouvez dans un tank, un hélicoptère ou directement au front, votre mitraillette à la main. Je n'avais jamais joué aux deux Battlefield précédents, mais les critiques annonçaient un mode multijoueur exceptionnel pour Battlefield 3, alors je me le suis procuré pour l'essayer.

Une expérience en ligne

Ce jeu a ni plus ni moins été conçu pour jouer en ligne. Le mode solo n'est pas inintéressant, mais ressemble à plusieurs autres jeux du genre (par exemple, le célèbre Call of Duty). Le mode multijoueur est quant à lui beaucoup plus exaltant. Jusqu'à vingt-quatre joueurs peuvent rejoindre le champ de bataille pour s'affronter en mode "conquête" (capture de drapeaux), "ruée" (destruction d'objectifs précis) ou "match à mort" (l'équipe qui tue le plus d'adversaires). Des missions coopératives sont aussi possibles. Les joueurs qui possèdent un micro peuvent s'amuser à élaborer une stratégie commune d'attaque.

La collaboration est la clé du succès. Par exemple, vous pouvez prendre seul le contrôle d'un tank sur le champ de bataille, mais ne pourrez tirer qu'avec votre canon. Si un équipier vous accompagne, vous pourrez tirer simultanément canon et mitrailleuse, rendant vos attaques plus efficaces. Plusieurs spécialisations sont aussi offertes pour chacun des soldats. Il est possible d'incarner un ingénieur, un assaillant, un tireur d'élite ou encore un spécialiste du soutien en munitions. Évidemment, une équipe bien organisée devra exploiter la complémentarité de ces diverses spécialisations.

Plus vous mènerez de combats sur le champ de bataille et y accomplirez des exploits, plus vous augmenterez de niveau et obtiendrez des options additionnelles pour vos armes. La durée de vie du jeu s'en trouve augmentée, car de nouvelles possibilités s'ajoutent constamment en cours de route.

Bref, un jeu très intéressant et divertissant, qui mérite incontestablement un achat, car vous voudrez y revenir. En voici un aperçu, en attendant que vous rejoigniez la bataille:

mardi 29 novembre 2011

Formidable Monsieur Lazhar

(*Attention ce billet révèle des éléments du film*)

Pour un enseignant, la période des corrections de fin de session est toujours un peu déprimante. D'une part, c'est un aspect très technocratique et redondant de la fonction. D'autre part, on s'attriste parfois de voir quelques étudiants bâcler leurs examens et travaux finaux pour ainsi compromettre la réussite de leur cours.

Heureusement, pour nous remonter le moral (je suis moi-même enseignant), il y a des films comme Monsieur Lazhar où l'on voit l'importance que peut avoir un enseignant dans le parcours d'une personne. Le film est réalisé par Philippe Falardeau et est toujours sur nos écrans (il s'agit d'une adaptation d'une pièce d'Evelyne de la Chenelière). Je vous le recommande chaudement.

Des thèmes riches et diversifiés

L'histoire raconte celle de Bashir Lazhar, un Algérien qui recherche l'asile politique au Québec. Pendant son séjour ici, il se cherche un travail et finit par remplacer une enseignante de sixième année qui vient de commettre un suicide en pleine classe. Monsieur Lazhar a donc comme principal défi d'aider les enfants de la classe à surmonter le deuil d'une enseignante perdue, tout en continuant leur apprentissage de la matière.

En parallèle de son travail en classe, Monsieur Lazhar doit apprendre à s'intégrer à une nouvelle culture et lui-même faire le deuil de son pays et de sa femme tuée là-bas pour des raisons politiques.

Trois thèmes profonds et riches réussissent ainsi à être abordés (suicide, enseignement et immigration), sans que tout cela ne devienne trop lourd. Les dialogues sont somme toutes légers (un contraste intéressant vu les thèmes explorés), mais touchants et justes. Le jeu des comédiens (notamment des enfants) est solide. On y découvre aussi Mohammed Fellag (M. Lazhar), un comédien et humoriste algérien connu en France, mais peu au Québec. Son jeu est subtil et convaincant. Suivez mon lien pour écouter l'une des entrevues de Fellag.

Je n'ai qu'un seul bémol par rapport au film, qu'une collègue m'a fait remarquer. On apprend à la fin de l'histoire que Monsieur Lazhar n'a jamais été enseignant dans son pays d'origine (il était restaurateur) et qu'il ne pouvait donc pas légalement enseigner au Québec. Il est donc congédié, même s'il a accomplit une tâche remarquable. Le hic? On laisse implicitement entendre qu'il est possible d'être un excellent enseignant, sans aucune formation spécifique à cet égard. Je conviens que cela n'est pas impossible, bien sûr, mais pour un film qui venait jusque-là de faire l'éloge du travail enseignant, il me semble qu'il s'agit-là d'un message contradictoire.

Mais "l'erreur" est mineure. Monsieur Lazhar est un excellent film qui mérite d'être vu. Voici la bande-annonce du film:



jeudi 24 novembre 2011

Douglas Coupland: icône des lettres canadiennes

Je suis actuellement plongé dans un roman de Douglas Coupland intitulé JPod (Édition Diable Vert: 2006). Coupland est un auteur canadien (il est né en Allemagne, mais a passé l'essentiel de sa vie ici) très célèbre qui a acquis une notoriété internationale surtout pour son premier roman Generation X : Tales for an Accelarated Culture (1991). C'est la première fois que je lis Coupland et je dois reconnaître qu'il a un talent hors du commun. On a tendance à l'oublier, mais il y a de grands auteurs au Canada anglais (le Canadien Roberston Davies est un de mes romanciers favoris) et Coupland fait partie de ce lot.

JPod

JPod est le nom d'un studio de confection de jeux vidéo de Vancouver, dans lequel six codeurs et animateurs se sentent aliénés par les tâches redondantes qu'ils doivent accomplir et par les exigences souvent absurdes des impératifs du marketing. De l'extérieur, les employés de JPod ont l'air cool et branché, mais à l'intérieur, ils sont tiraillés par des questions existentielles sur leur avenir, leur origine et leur identité. En gros, JPod est une réflexion profonde sur la place qu'occupent les technologies dans nos vies et sur l'asservissement qu'elles nous imposent. En voici un extrait croustillant et brillant:

"Vous êtes un assemblage déprimant d'influences de culture populaire et d'émotions étouffées, commandé par les hoquets du moteur de la forme la plus banale de capitalisme. Vous passez votre vie à avoir le sentiment d'être en permanence à deux doigts de devenir obsolète - à l'égard du marché du travail comme de la culture. Et tout ça vous rattrape. Votre vie et votre mort sont dictés par le cycle du développement. Vous êtes des drosophiles esthétisées dont le cycle de vie est réglée par l'entreprise. Si ce n'est pas un calendrier de production de jeu budgétisé sur dix-huit mois, c'est un planning d'obsolescence du matériel informatique sur cinq ans. Tous les cinq ans, vous devez jeter à la poubelle tout ce que vous savez et apprendre les caractéristiques d'une nouvelle gamme complète de matériels et de logiciels, en reléguant au crasier cosmique ce qui était autrefois fondamental dans vos vies"

C'est un long passage, mais n'est-il pas majestueux? Voici enfin une entrevue de George Stroumboulopoulos avec Douglas Coupland, dans laquelle vous apprécierez l'humour ironique de l'auteur (surtout au début), mais découvrirez aussi son parcours personnel difficile:


lundi 21 novembre 2011

Quel avenir pour le Bloc québécois?

Il y a une course à la chefferie au Bloc québécois, le saviez-vous? Suite à la débâcle du parti aux dernières élections fédérales et au départ du charismatique Gilles Duceppe, l'intérêt envers la formation bloquiste est manifestement toujours aussi faible. Pourtant, c'est ni plus ni moins de l'avenir de la formation dont il est question; et en parallèle l'avenir du projet de souveraineté du Québec.

Les candidats et le renouveau du parti

Trois candidats aspirent à prendre la tête du Bloc québécois. D'abord, Daniel Paillé (l'économiste du groupe et ancien député du Parti québécois), Maria Mourani (la criminologue porte-parole en matière de justice) et Jean-François Fortin (député de Gaspésie-Matapédia, diplômé en science politique). Peu importe le choix final, le nouveau chef pourra difficilement combler le vide laissé par Duceppe.

J'admets ne pas connaître très bien le parcours de ces trois candidats, mais j'ai un penchant pour le style et l'approche de Jean-François Fortin (il a été professeur au cégep, alors j'ai forcément un préjugé favorable). Sa jeunesse, sa fraîcheur et le bon contact qu'il semble avoir avec ses militants constituent une bonne base pour renouveler le parti. La volonté de Maria Mourani de réouvrir complètement le programme du parti est aussi rassurante, car le Bloc doit effectivement faire un sérieux examen de conscience.

Voici trois tâches qui m'apparaissent cruciales pour le Bloc dans les prochains mois.

1- Consolider la base: Depuis les dernières élections, le Bloc a perdu 4 000 membres. Il doit refaire le plein, notamment pour assurer son avenir économique, car le financement public des partis politiques disparaîtra d'ici quatre ans. Le Bloc avait cruellement besoin de ce financement.

2 - Suivre de près le travail du NPD: On le sait, c'est le NPD qui a remplacé le Bloc comme parti fédéral dominant au Québec. Si le Bloc veut récupérer sa place, il doit montrer comment le NPD a beaucoup de difficultés à défendre les intérêts spécifiques du Québec. Par exemple, l'appui du NPD à ce qu'un juge unilingue anglophone soit nommé à la Cour suprême est inacceptable. Le Bloc doit compiler toutes ces maladresses du NPD et les faire connaître.

3 - Repenser le projet de souveraineté: Le Bloc est souverainiste et doit le rester. C'est la raison d'être et l'âme du parti. Mais ne pourrait-on pas repenser la façon de contribuer à la réalisation de ce projet? Je fais le rêve audacieux d'un Bloc qui se transformerait en parti pan-canadien (oui vous avez bien lu!) et militerait pour la création d'une véritable confédération, sur le modèle de l'Union européenne. Le projet de souveraineté de René Lévesque (allez relire son court essai Option Québec) s'appuyait sur cette idée. Le Bloc pourrait ainsi créer des alliances avec les forces autonomistes provinciales que l'on retrouve un peu partout au Canada, par exemple en Alberta et à Terre-Neuve. Le parti pourrait alors s'appeler le Bloc confédéral canadien.

Il est vrai que cette idée aurait été plus facilement réalisable avec Gilles Duceppe comme chef, car il bénéficiait d'un capital de sympathie considérable au Canada anglais.

Toujours est-il que le Bloc a besoin d'un électrochoc, sinon il ne survivra pas à cette crise. Selon-vous, que doit faire le parti pour assurer son avenir?




mercredi 16 novembre 2011

Pourquoi la CAQ de Legault ne me convainc pas?

C'est officiel, la Coalition pour l'avenir du Québec est maintenant un parti politique. Cette annonce de lundi n'a surpris personne, sauf qu'elle aura permis de savoir encore davantage à quelle enseigne loge celui qui deviendra vraisemblablement le chef de la nouvelle formation, François Legault.

On en a ainsi profité pour dévoiler le nouveau logo de la formation qui, contrairement aux multiples quolibets qu'on lui a adressés, me semble plutôt joli sur le plan visuel et graphique. Mais cela est malheureusement bien peu pour rallier des électeurs et juger de la crédibilité d'un parti politique.

Ce qui devrait surtout nous intéresser, c'est bien entendu les idées présentées par la Coalition et la qualité des personnes qui font partie de l'équipe. Sur ces deux aspects, la CAQ est loin de me convaincre.

Sur le plan des idées

La Coalition Avenir Québec a précisé ses priorités dans un court plan d'action le 14 novembre. Je vous mentirais en disant qu'aucune des idées qui y sont présentées ne sont intéressantes. Par exemple, s'engager à fournir un médecin de famille pour chaque Québécois, renforcer les pouvoirs de l'Office québécois de la langue française, rehausser le financement des université et le salaire des enseignants (en échange d'une évaluation plus serrée) ou encore utiliser la clause dérogatoire pour interdire l'utilisation des écoles passerelles sont toutes des actions qui m'apparaissent nécessaires. Encore faudrait-il que la CAQ explique avec plus de précisions les méthodes qu'elle entend utiliser pour mettre en place ces mesures, ce qu'elle n'a pas fait jusqu'ici.

D'autres idées me laissent toutefois très perplexes, notamment cette volonté d'abolir de nombreuses structures bureaucratiques (commissions scolaires et agences de santé) ou encore de financer les établissements de santé en fonction du volume de soin dispensé. La CAQ adopte une approche "affairiste" et comptable de la société qui ne me plaît pas. On ne gère pas une société comme on gère une entreprise et l'ancien président d'Air Transat jette parfois un regard trop "mathématique" sur les rapports sociaux. Ainsi, pour mesurer la "performance" des enseignants, Legault a longtemps suggéré que ceux-ci soient évalués en fonction des résultats des étudiants, une idée absurde. Il a heureusement nuancé ses propos à cet égard depuis quelques jours. Rappelez-vous aussi que lorsque M. Legault était ministre de l'Éducation au Parti québécois, il avait mis en place les fameux contrats de performance avec les universités, qui n'avaient pas donné les résultats escomptés.

Des idées intéressantes donc, d'autres qui le sont moins. Mais que dire des idées qui elles, sont carrément absentes? Rien sur l'environnement, rien sur les villes et le transport, rien sur les aînés, rien sur les garderies... Je comprends que la CAQ veuille maintenir le suspense sur ses intentions et son programme, mais je suis inquiet de constater que la CAQ suscite un tel engouement chez les Québécois, alors qu'elle n'a pas pris position sur des enjeux aussi cruciaux.
La CAQ ne prend par ailleurs pas de position claire sur la question nationale. En minimisant l'importance de cette question, on se demande comment le parti réagirait sur des dossiers intergouvernementaux comme la fiscalité, la justice, les relations internationales, les transferts financiers, etc.

La personnalité

Sur le plan de l'image et du charisme, M. Legault ne m'inspire pas. Je ne sens pas la flamme qui l'anime lorsqu'il prétend vouloir changer le Québec. Je me méfie aussi des politiciens qui lancent des idées comme des "ballons d'essais" (voir le texte sur mon blogue à ce sujet), pour ensuite les changer au gré des humeurs de la population. Même s'il est vrai qu'un parti ne doit pas hésiter à s'ajuster aux demandes du peuple, il doit aussi savoir faire preuve de leadership et amener la population à adhérer à des idées tout à fait nouvelles. Peut-on croire que lors de la Révolution tranquille dans les années 1960, le PLQ de Jean Lesage n'ait pas initié des changements plus rapides que ce que la population réclamait? Même chose entre 1976 et 1980, où le PQ a carrément mis en chantier une deuxième Révolution tranquille. Il me semble que les périodes de notre histoire qui ont été les plus fécondes sur le plan législatif sont celles où les partis politiques ont fait preuve d'audace et de courage.

Dans le plan d'action de la CAQ, je ne vois rien de véritablement nouveau. La plupart des idées présentées sont défendues par les partis déjà existants sur la scène provinciale. On dirait une sorte de liste d'épicerie aux éléments disparates, sans vue d'ensemble. Il vous fait rêver et donne envie de vous impliquer, ce plan d'action? Si oui, je serais curieux de savoir pourquoi.

Si l'aspect "nouveauté" vous attire, n'avez-vous pas pensé que le Québec n'a jamais eu de femmes à la tête de l'exécutif? Pourtant, deux aspirent à cette fonction, en l'occurrence Françoise David et Pauline Marois. Voilà un simple changement qui m'apparaît à lui seul plus inspirant que tous ceux présentés par la CAQ. Je préfère donc pour le moment donner mon appui à l'une d'entre-elles.

mardi 15 novembre 2011

Kempf et les oligarques

Je lis en ce moment l'ouvrage d'Hervé Kempf intitulé "L'oligarchie, ça suffit, vive la démocratie". Il s'agit d'une lecture pertinente dans le contexte actuel, celui du mouvement des indignés que l'on retrouve un peu partout à travers le monde.

Hervé Kempf est un Français qui a commencé sa carrière professionnelle en tant que journaliste dans le domaine des sciences. Il se préoccupe surtout des questions liées à l'écologie. Il a tenu une rubrique dans la revue Courrier International et travaillé pour le journal Le Monde. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages.

Le mythe de la démocratie

Comme je n'ai pas encore terminé l'ouvrage de Kempf, je ne vous présente que la thèse principale de son livre. En gros, Kempf affirme que les régimes politiques que l'on qualifie aujourd'hui de démocraties ont été dénaturés et qu'ils s'apparentent plutôt à des oligarchies, voire à une seule grande oligarchie internationale.

L'auteur rappelle d'abord la définition du terme. L'oligarchie est un régime politique dans lequel les pouvoirs sont entre les mains d'un petit groupe de personnes et dont le fondement peut-être soit l'armée, la tradition ou l'argent (ce que soutient Kempf). Kempf prend bien soin de rappeler qu'une oligarchie n'est pas une dictature et que les citoyens peuvent donc y vivre de manière relativement confortable.

Kempf s'appuie sur de nombreux chiffres pour étayer son affirmation que le pouvoir glisse de plus en plus vers une petite élite d'ultra-riches. Par exemple, aux États-Unis, les 1% les plus riches ont vu leur part du revenu national passer de 8% au début des années 1980, à 16% dans les années 2000. La part de revenu des 10% les plus riches a quant à elle passé de 25% à 27% pour la même période.

Kempf révèle aussi l'existence d'un club fermé dont les activités sont peu médiatisées - le groupe Bilderberg - qui attesterait sa thèse de l'existence d'une oligarchie internationale. Né en 1952, ce groupe réunit l'élite américaine et européenne (hommes politiques, PDG de compagnies, personnalités de la finance...) afin de discuter de lignes d'actions communes pour protéger leurs intérêts. Kempf ne va pas jusqu'à parler de complot, mais plutôt de partenariat très serré.

Jusqu'ici l'ouvrage de Kempf est intéressant et j'espère qu'il contribuera à ce que davantage d'auteurs fassent de l'oligarchie un objet d'études, car c'est une question peu abordée par les politologues.

Sans adhérer encore tout à fait à la thèse de l'auteur, il faut admettre toutefois que les nouvelles de ce matin tendent à lui donner raison. On apprenait ainsi que le nouveau président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le nouveau président du Conseil italien Mario Monti et le nouveau premier ministre grec, Lucas Papadémos ont entretenu des liens étroits avec la célèbre banque d'affaires Goldman Sachs, celle-là même qui a contribué à masquer la dette grecque pendant de nombreuses années!

Avouons qu'il est difficile de ne pas penser que le monde des affaires vient de mettre en place les candidats parfaits pour travailler à reconstruire l'Europe en fonction de leurs intérêts....oligarchiques!

jeudi 10 novembre 2011

Salut, Godin!

Le réalisateur du documentaire sur Gérald Godin, Simon Beaulieu, était de passage hier au Collège Édouard-Montpetit pour une projection publique de son film. Le documentaire est sorti en mars 2011 et je n'avais toujours pas eu l'occasion de le visionner.

Simon Beaulieu est un jeune réalisateur qui avait déjà un documentaire à son actif, celui sur le peintre québécois Serge Lemoyne. M. Beaulieu a aussi été critique de cinéma pour la revue Séquences, entre 2002 et 2006. C'est à cette date qu'il entame son projet de film sur Gérald Godin. Au terme de cinq ans de recherches dans des documents d'archives et d'entretiens avec des personnalités proches de Godin, son projet voyait enfin le jour.

Godin le passionné

Une des raisons qui a poussé M. Beaulieu à s'intéresser à M. Godin, c'est qu'il admire chez lui la passion et le dévouement qu'il avait non seulement pour son métier de politicien, mais aussi pour son oeuvre poétique et littéraire. Selon M. Beaulieu, nous manquons cruellement de figure politique de l'envergure de M. Godin à l'heure actuelle et son film cherche certainement par là à nous présenter un modèle d'engagement inspirant.

Gérald Godin (1938-1994) a commencé sa carrière comme journaliste au Nouvelliste, puis à Radio-Canada. En 1963, il fonde avec d'autres écrivains la revue Partis pris, une publication indépendantiste et révolutionnaire. Lors de la crise d'octobre 1970, il est d'ailleurs mis en prison, probablement en raison de cette implication à Parti pris. Godin publie aussi de nombreux recueils de poésie. Lorsqu'il devient politicien, ses discours se transforment alors en véritables créations littéraires.

Il commence sa carrière politique en 1976 au sein du Parti québécois. Sa première victoire comme candidat est spectaculaire, puisqu'il l'emporte dans la circonscription de Mercier face au premier ministre sortant Robert Bourassa. Il est réélu en 1981 et accomplit un travail remarqué au ministère de l'Immigration et des communautés culturelles. Il tisse des liens étroits avec la communauté grecque de Montréal et milite ardemment pour que Parti québécois évolue vers une conception civique de la nation.

Gérald Godin était l'amoureux de la célèbre chanteuse Pauline Julien. Elle était tout aussi passionnée et engagée que lui, notamment envers la cause de la souveraineté du Québec. On retrouve plusieurs chansons de Pauline Julien dans le documentaire de Simon Beaulieu, entre autres la superbe et touchante Mommy.

À la fin de son parcours, Godin est atteint d'une tumeur au cerveau, mais continue malgré tout son travail de député.

Le documentaire de M. Beaulieu revient sur toutes ces grandes périodes de la vie de Gérald Godin. On y voit aussi plusieurs images d'archives (Trudeau à la St-Jean en 1968, crise d'octobre 1970, référendum de 1980...) qui nous permettent de nous plonger dans l'histoire du Québec. On y trouve des entrevues intéressantes avec Denys Arcand, Jacques Godbout ou encore Jacques Parizeau.

Simon Beaulieu estime qu'aujourd'hui, un seul politicien a la trempe d'un Gérald Godin, et c'est Amir Khadir de Québec Solidaire. Justement, M. Khadir est député de Mercier, la circonscription où M. Godin a débuté sa carrière politique. Lors de son assermentation en tant que député, Khadir a d'ailleurs cité un poème de Godin:

T’en souviens-tu Godin,
Asteure que t’es député,
De l’homme qui frissonne
En attendant l’autobus du p’tit matin
Après son shift de nuit.

T’en souviens-tu
Des mal pris qui sont sur le bien-être,
Celui qui couche dans la neige,
Ceux qui ont deux jobs
Pour arriver à se bûcher une paie comme du monde.

T’en souviens-tu Godin,
Qu’il faut rêver aujourd’hui
Pour savoir ce qu’on fera demain.

Un vibrant rappel que le rôle premier du député est d'être à l'écoute des citoyens. C'est donc d'abord à eux qu'il doit prêter allégeance, et non à la reine du Royaume-Uni comme l'obligent nos procédures parlementaires!

Voici un extrait du documentaire:

mardi 8 novembre 2011

Le mystère grec (2e partie)

Pour solutionner la crise de la dette de la Grèce, quelles mesures ont été prises dans les derniers mois?

Et bien les gouvernements européens sont entrés en scène - Angela Merkel (Allemagne) et Nicolas Sarkozy (France) au premier rang - afin de venir supporter financièrement la Grèce, même s'ils étaient au départ hésitants. D'une part, ils étaient réticents à enfreindre une règle de l'Union européenne stipulant qu'on ne peut pas empiéter sur la souveraineté d'un État en influençant l'élaboration de son budget national. De l'autre, l'opinion publique - surtout allemande - ne souhaitait pas qu'on vienne en aide aux Grecs qui sont considérés comme irresponsables, paresseux et mauvais gestionnaires.

Les plans de sauvetage

Après moult discussions, on a toutefois accouché d'un premier plan de sauvetage, le 11 avril 2011. Des prêts sont alors consentis à la Grèce (30 milliards d'euros) à des taux "favorables". Ces prêts sont accordés par les membres de la zone euro et par le Fonds monétaire international (FMI), une organisation créée en 1944, dont le mandat officiel est de "veiller à la stabilité et de prévenir les crises du système monétaire international".

Il y a eu depuis d'autres plans de sauvetage, dont celui du 9 mai 2011 qui débloquait cette fois 110 milliards d'euros sur trois ans pour la Grèce. Le dernier plan, adopté à la fin du mois d'octobre, prévoyait une aide de 130 milliards d'euros, de même qu'un effacement d'une partie de la dette (100 milliards sur 350). On a aussi accepté la recapitalisation des banques afin de les aider à faire face aux pertes subies en conséquence de l'effacement d'une partie de la dette grecque. Enfin, le Fonds européen de stabilité financière (une sorte de fonds de solidarité) a été renfloué.

Privatiser les profits, socialiser les pertes.

Les conséquences de ces plans de sauvetage sont directes et surtout dramatiques dans la vie quotidienne des Grecs. Athènes a été mis sous étroite surveillance et son gouvernement se doit de réduire drastiquement ses dépenses. Le secteur des dépenses sociales a solidement écopé. L'âge de la retraite a ainsi été ramené à 67 ans, les pensions réduites de 7%, les salaires de la fonction publique diminués de 15%, la TVA (taxe de vente) augmentée de deux points, les critères pour obtenir l'aide sociale ont été resserrés, les impôts ont été augmentés.... Et la liste est encore longue! Voilà pourquoi les Grecs sont massivement sortis dans les rues pour protester - avec justesse - contre ces coupes draconiennes.

En fait, c'est cette désagréable impression que les Grecs ressentent d'avoir à faire beaucoup plus d'efforts que les grandes institutions financières pour résoudre la crise. Même si une partie de la dette a été réduite, cela est jugé bien insuffisant. Les idées pour mieux règlementer les marchés financiers ne manquent pourtant pas. Pourquoi ne pas interdire les produits dérivés de type CDS (voir la description de ces produits sur mon blogue)? Pourquoi ne pas adopter une taxe sur les transactions financières (même Nicolas Sarkozy lui est favorable)? Pourquoi ne pas mieux séparer les banques d'épargne et les banques d'investissement? Pourquoi ne pas mieux encadrer le rôle des agences de notation? Et l'idée du candidat à la primaire socialiste française, Arnaud Montebourg, de faire entrer des représentants de l'État sur les conseils d'administration des banques me semble intéressante, même si certains la considèrent radicale. La réduction des dépenses militaires de la Grèce, l'imposition plus grande des banques et des plus fortunés font aussi certainement partie des alternatives à considérer.

Je n'ai évidemment pas la prétention ici d'avoir la solution à la crise grecque. Mais l'idée centrale est simple: trouver un meilleur équilibre entre le fardeau imposé aux citoyens grecs et celui du secteur financier.

Les conséquences politiques

Sur le plan national, la crise grecque aura couté au premier ministre George Papandréou son poste puisqu'il a annoncé sa démission le 6 novembre dernier. Plusieurs ministres de son parti (Pasok) ont exigé son départ, car l'idée de tenir un référendum national pour entériner le dernier plan de sauvetage en a scandalisé plus d'un. M. Papandréou avait reculé sur cette question, mais le mal était fait.

Sur le plan européen, cette crise pourrait annoncer le prélude au démantèlement de l'Union européenne. La sortie de la Grèce de la zone euro et de l'Union européenne est un scénario envisageable et enverrait un signal fort pour l'avenir de cette confédération. Alors qu'on croyait que la création de l'Union européenne allait sonner le glas des identités nationales, le départ de la Grèce annoncerait plutôt la difficulté, voire l'impossibilité de la chose. Les réticences de l'Allemagne à venir en aide à la Grèce démontrent aussi comment l'intérêt national est toujours présent en Europe.

Enfin, sur le plan symbolique, il serait assez paradoxal de voir "le peuple fondateur de la démocratie" être le premier à quitter l'Union. On pourrait alors être tenté de se dire que la démocratie passe - pour le meilleur et pour le pire - par les petits États et par le bon vieux principe du "small is beautifiul".




dimanche 6 novembre 2011

Le mystère grec (1re partie)

Les causes de la crise qui secoue la Grèce - et l'Europe - à l'heure actuelle s'apparentent à un mystère. Pour le citoyen québécois moyen, les récentes tergiversations européennes sur la dette et les déficits budgétaires de l'État grec, ou encore les plans d'aide aux grandes institutions bancaires sont des choses bien abstraites et loin de nos préoccupations quotidiennes.

D'une part, le langage économique correspond à un discours d'initiés qui est parfois compliqué à saisir. Il est facile de s'en désintéresser. D'autre part, les Québécois sont en règle générale peu préoccupés par les questions de relations internationales, et encore moins par les questions économiques. Probablement que notre conscience collective empreinte de catholicisme et de méfiance vis-à-vis l'argent y est pour quelque chose.

Pourtant, la crise qui secoue l'Europe déstabilise d'ores et déjà l'économie mondiale et risque de faire imploser cette organisation politique confédérale (l'Union européenne) qui se voulait un modèle pour le monde. Il est donc impératif d'y réfléchir.

Que se passe-t-il en Grèce? Quelles ont été les solutions proposées à cette crise? Sont-elles appropriées? Quelles sont les implications politiques reliées à l'instabilité économique de la Grèce?

Les origines de la crise

L'élément central au coeur de la crise est incontestablement la dette. Celle-ci atteignait 142,8% du PIB en 2009. Le montant total de la dette actuelle est estimé à 350 milliards d'euros. Les déficits du gouvernement grec sont eux aussi faramineux, celui de 2009 atteignant 15,4% du PIB et celui de 2010, 9,4%. Les Grecs sont donc étouffés par leur dette et les intérêts qui y sont liés et leur État est en situation de quasi faillite (même si un État ne fait pas faillite au sens d'une entreprise). Il devient alors difficile de financer les services normalement fournis par l'État.

Un autre problème important est lié à l'intégration de la Grèce dans l'union monétaire européenne en 2001. Celle-ci a entraîné une forte inflation, contribuant à rendre les produits grecs moins compétitifs. La Grèce souffre donc d'un déficit commercial important (elle importe plus qu'elle n'exporte), alourdissant d'autant plus le problème de la dette.

Voici d'autres facteurs importants à considérer pour comprendre la crise économique grecque:

La crise des subprimes: En 2007, aux États-Unis, les ménages américains ne peuvent plus rembourser leur prêt immobilier, consenti à des conditions trop avantageuses. Cette crise se transforme en crise bancaire, car plusieurs établissements financiers ne reçoivent plus les remboursements prévus. De grandes banques font des faillites en cascade et les États s'endettent davantage pour les sauver.

L'économie au noir: Selon l'organisme Transparency International, le poids de l'économie au noir correspond à 20%-30% du PIB grec. Une personne sur dix aurait déjà payé un fonctionnaire pour obtenir un service de l'État. La corruption dans la fonction publique est donc un problème sérieux. De plus, plusieurs groupes dans la société grecque ne paient pas ou très peu d'impôts, notamment les agriculteurs, les armateurs, l'Église orthodoxe et certaines professions libérales.

Le gouvernement lui-même - celui de George Papandréou - traficotait les chiffres (aidé par la banque Goldman Sachs) et a masqué pendant quelques années l'ampleur de la dette grecque!

L'augmentation des dépenses militaires: Elles représentent 5,6% du PIB (en 2010) de la Grèce et c'est proportionnellement le budget militaire le plus élevé parmi les États de l'Union européenne. Les tensions avec la Turquie à propos de l'île de Chypre et sur la souveraineté en mer Égée expliquent en bonne partie ces dépenses élevées et vraisemblablement exagérées.

La prolifération des produits dérivés: C'est un élément curieux et mystérieux du système financier actuel, qu'il est intéressant de connaître. Les Credit Default Swap (CDS) sont des titres d'emprunt qui s'apparentent à une assurance et permettent aux acheteurs de se prémunir contre un éventuel défaut de paiement d'une entreprise ou d'un État.

Le hic, c'est qu'il est possible d'acheter ce type d'assurance même si vous n'avez pas de titres grecs dans votre portefeuille! Dès lors, il est dans l'intérêt de ces investisseurs de voir la Grèce faire un défaut de paiement, pour pouvoir toucher la prime liée à cette éventualité.

Le rôle des agences de notation: Le rôle des agences de notation est d'évaluer la solidité financière et la capacité de remboursement d'une entreprise ou d'un État. Trois grandes firmes se répartissent cette tâche pour l'essentiel: Moody's, Standard and Poor's et Fitch Ratings.

Une des critiques adressées à ces firmes, c'est qu'elles reçoivent leur rémunération des émetteurs de titre, c'est-à-dire ceux-là même qu'elles sont censées évaluer! Cette situation est liée à la précédente: les spéculateurs dont le portefeuille est rempli de CDS mettent des pressions sur ces agences pour qu'elles abaissent la note de solvabilité d'un État, faisant du coup hausser la valeur de leur titre.

Par ailleurs, plus la note d'un État se dégrade, plus il lui est difficile d'emprunter à des taux avantageux sur les marchés. Il faut donc être très prudent pour ne pas faire entrer un État dans le cercle vicieux de la dette.

Les raisons de cette crise sont certainement plus profondes que ce que ma tentative de synthèse laisse entendre. J'aurais notamment pu développer sur la mise en application - par les États d'Europe et d'Amérique du Nord - d'un vaste programme de dérèglementation des marchés financiers dans les années 1980. Il y a certainement des réponses à chercher de ce côté.

Comme toujours, je vous invite à me laisser des commentaires pour améliorer notre compréhension de cet enjeu important.

Le prochain texte portera sur les solutions apportées au problème grec jusqu'ici, de même que celles écartées. L'aspect politique du problème sera aussi abordé.



jeudi 3 novembre 2011

Découvrir la bande dessinée politique.

Ces jours-ci, je suis plongé dans la bande dessinée politique. Ce sont des discussions avec des collègues et la sortie prochaine des Chroniques de Jérusalem du Québécois Guy Delisle qui m'ont donné le goût de revenir à ce médium méconnu. Avis aux intéressés, il est possible de lire cette bande dessinée gratuitement pour le moment, puisqu'elle est en prépublication sur le site du Monde.fr jusqu'au 11 novembre.

Guy Delisle est cet auteur qui avait entre autre publié l'album Pyongyang en 2003 et Chroniques birmanes en 2007. Suivant son épouse qui travaille pour Médecins sans frontières dans des pays où la situation politique est souvent instable, Delisle témoigne de ses observations et de ses réflexions à travers une narration axée sur le quotidien, sans pour autant sombrer dans le cliché ou la naïveté.

D'autres auteurs intéressants

En bouquinant dans la section des bandes dessinées à la bibliothèque, je suis ainsi tombé sur une biographie de Martin Luther King en trois tomes, écrite par Ho Che Anderson. C'est ce qui m'occupera dans les prochains jours.

Voici d'autres suggestions personnelles:

Art Spiegleman: Un auteur (né en Suède) classique de la bande dessinée politique. Son album Maus raconte la vie d'une famille durant l'holocauste et lui a valu un prix Pulitzer. C'est un incontournable.

Marjane Satrapi: Auteure de la bande dessinée Persepolis. Mme. Satrapi a grandi en Iran et raconte comment les libertés individuelles y sont restreintes. Elle raconte aussi les grands bouleversements politiques de l'Iran, notamment la Révolution islamique de 1979.

Didier Lefèvre (et Emmanuel Guibert): Lefèvre était un journaliste et photographe français. L'action de son album Le Photographe se situe en Afghanistan et nous plonge dans l'univers de Médecins sans frontières alors que le pays est sous occupation soviétique, dans les années 1980. La bande dessinée comprend aussi de nombreuses photographies, comme le titre de l'ouvrage le suggère.

Alan Moore: Un autre auteur classique. Son superbe V for Vendetta a été repris à l'écran en 2006 et on retrouve le masque du personnage principal de cette b.d. dans à peu près toutes les manifestations de gauche en Amérique du Nord! On y raconte les efforts d'un activiste anarchiste pour libérer ses concitoyens d'une société fasciste et totalitaire.

Chester Brown: Un auteur montréalais. En 2004, il publie une très intéressante biographie de Louis-Riel intitulée Louis-Riel, l'insurgé. Une bande-dessinée riche en informations, avec de multiples notes de bas de page!

Joe Sacco: Cet auteur né à Malte a publié dernièrement (2010) une magistrale bande dessinée sur le conflit israélo-palestinien intitulée Gaza 1956, en marge de l'histoire. Il s'était aussi fait remarquer pour ses bandes dessinées sur la guerre en Bosnie, notamment Gorazde, la guerre en Bosnie orientale. Ses dessins sont très crus, réalistes et violents. Des lectures troublantes.

J'aimerais que vous me fassiez des commentaires pour me suggérer tout autre auteur de bande dessinée politique qui mérite d'être lu. Je suis avide de nouvelles découvertes!

mardi 1 novembre 2011

Norman Mailer: le dur qui ne danse pas.

Je découvre en ce moment un véritable icône des lettres américaines: Norman Mailer (1923-2007). Icône car il a plusieurs romans à son actif, dont deux lui ont valu le prix Pulitzer: Les Armées de la nuit et Le Chant du bourreau. Mailer est reconnu pour être un auteur critique de la société américaine, dont les thèmes de prédilection sont la guerre, le crime et la violence. Son premier roman Les Nus et les Morts porte justement sur son expérience personnelle durant la Seconde Guerre mondiale.

Ces sujets ne sont évidemment pas très joyeux, mais c'est peut-être à l'image de l'auteur qui semble avoir connu des périodes difficiles dans sa vie, notamment celle où il agresse sa femme Adèle à coup de couteau, en 1960. Il fit par la suite un séjour de quelques semaines dans un hôpital psychiatrique.

Mailer ne fut pas seulement romancier, mais aussi essayiste et chroniqueur au Sunday Times et au New-Yorker. À la fin de sa vie, il était un féroce critique de l'administration du président George W. Bush.

Les vrais durs ne dansent pas

C'est à travers Les vrais durs ne dansent pas que j'entre dans l'univers de Mailer. Ce livre a été écrit en 1984 et a même été porté à l'écran (réalisé par Norman Mailer) en 1987. Je me promets de le regarder prochainement.

Les vrais durs ne dansent pas est un roman noir qui raconte l'histoire de Tim Madden, un écrivain paumé et alcoolique qui vient de se faire laisser par sa femme. Un matin, Madden se réveille avec une incroyable gueule de bois et découvre non seulement du sang dans sa voiture, mais aussi la tête coupée d'une femme blonde dans un champ où il cache normalement sa marijuana! Madden n'a aucun souvenir de sa dernière nuit et se demande s'il ne pourrait pas être l'auteur de ce crime sordide. C'est ce qu'il tente de découvrir au fil de l'histoire.

Pour faire un parallèle avec le cinéma, l'atmosphère qui se dégage de Les vrais durs ne dansent pas est semblable à celle du film Fargo (1996), réalisé par les frères Cohen. Un peu à la manière de Fargo, l'action du roman de Mailer se déroule dans un petit bled tranquille, Provincetown, où la plupart des habitants se connaissent de près et s'ennuient parfois un peu trop. L'univers de Mailer me fait aussi penser à celui d'un Charles Bukowski, en ce sens que les excès d'alcool, de drogues et de sexe occupent une place centrale.

J'ai adoré ce bouquin et vous le recommande donc chaudement. Je cours maintenant me procurer Le Chant du Bourreau, qui selon plusieurs serait son chef-d'oeuvre. Mailer y raconte l'histoire d'un meurtrier condamné à mort souhaitant être exécuté par fusillade (!) le plus tôt possible.

Et vous, avez-vous lu Norman Mailer? Quelles sont vos suggestions?