mardi 29 novembre 2011

Formidable Monsieur Lazhar

(*Attention ce billet révèle des éléments du film*)

Pour un enseignant, la période des corrections de fin de session est toujours un peu déprimante. D'une part, c'est un aspect très technocratique et redondant de la fonction. D'autre part, on s'attriste parfois de voir quelques étudiants bâcler leurs examens et travaux finaux pour ainsi compromettre la réussite de leur cours.

Heureusement, pour nous remonter le moral (je suis moi-même enseignant), il y a des films comme Monsieur Lazhar où l'on voit l'importance que peut avoir un enseignant dans le parcours d'une personne. Le film est réalisé par Philippe Falardeau et est toujours sur nos écrans (il s'agit d'une adaptation d'une pièce d'Evelyne de la Chenelière). Je vous le recommande chaudement.

Des thèmes riches et diversifiés

L'histoire raconte celle de Bashir Lazhar, un Algérien qui recherche l'asile politique au Québec. Pendant son séjour ici, il se cherche un travail et finit par remplacer une enseignante de sixième année qui vient de commettre un suicide en pleine classe. Monsieur Lazhar a donc comme principal défi d'aider les enfants de la classe à surmonter le deuil d'une enseignante perdue, tout en continuant leur apprentissage de la matière.

En parallèle de son travail en classe, Monsieur Lazhar doit apprendre à s'intégrer à une nouvelle culture et lui-même faire le deuil de son pays et de sa femme tuée là-bas pour des raisons politiques.

Trois thèmes profonds et riches réussissent ainsi à être abordés (suicide, enseignement et immigration), sans que tout cela ne devienne trop lourd. Les dialogues sont somme toutes légers (un contraste intéressant vu les thèmes explorés), mais touchants et justes. Le jeu des comédiens (notamment des enfants) est solide. On y découvre aussi Mohammed Fellag (M. Lazhar), un comédien et humoriste algérien connu en France, mais peu au Québec. Son jeu est subtil et convaincant. Suivez mon lien pour écouter l'une des entrevues de Fellag.

Je n'ai qu'un seul bémol par rapport au film, qu'une collègue m'a fait remarquer. On apprend à la fin de l'histoire que Monsieur Lazhar n'a jamais été enseignant dans son pays d'origine (il était restaurateur) et qu'il ne pouvait donc pas légalement enseigner au Québec. Il est donc congédié, même s'il a accomplit une tâche remarquable. Le hic? On laisse implicitement entendre qu'il est possible d'être un excellent enseignant, sans aucune formation spécifique à cet égard. Je conviens que cela n'est pas impossible, bien sûr, mais pour un film qui venait jusque-là de faire l'éloge du travail enseignant, il me semble qu'il s'agit-là d'un message contradictoire.

Mais "l'erreur" est mineure. Monsieur Lazhar est un excellent film qui mérite d'être vu. Voici la bande-annonce du film:



jeudi 24 novembre 2011

Douglas Coupland: icône des lettres canadiennes

Je suis actuellement plongé dans un roman de Douglas Coupland intitulé JPod (Édition Diable Vert: 2006). Coupland est un auteur canadien (il est né en Allemagne, mais a passé l'essentiel de sa vie ici) très célèbre qui a acquis une notoriété internationale surtout pour son premier roman Generation X : Tales for an Accelarated Culture (1991). C'est la première fois que je lis Coupland et je dois reconnaître qu'il a un talent hors du commun. On a tendance à l'oublier, mais il y a de grands auteurs au Canada anglais (le Canadien Roberston Davies est un de mes romanciers favoris) et Coupland fait partie de ce lot.

JPod

JPod est le nom d'un studio de confection de jeux vidéo de Vancouver, dans lequel six codeurs et animateurs se sentent aliénés par les tâches redondantes qu'ils doivent accomplir et par les exigences souvent absurdes des impératifs du marketing. De l'extérieur, les employés de JPod ont l'air cool et branché, mais à l'intérieur, ils sont tiraillés par des questions existentielles sur leur avenir, leur origine et leur identité. En gros, JPod est une réflexion profonde sur la place qu'occupent les technologies dans nos vies et sur l'asservissement qu'elles nous imposent. En voici un extrait croustillant et brillant:

"Vous êtes un assemblage déprimant d'influences de culture populaire et d'émotions étouffées, commandé par les hoquets du moteur de la forme la plus banale de capitalisme. Vous passez votre vie à avoir le sentiment d'être en permanence à deux doigts de devenir obsolète - à l'égard du marché du travail comme de la culture. Et tout ça vous rattrape. Votre vie et votre mort sont dictés par le cycle du développement. Vous êtes des drosophiles esthétisées dont le cycle de vie est réglée par l'entreprise. Si ce n'est pas un calendrier de production de jeu budgétisé sur dix-huit mois, c'est un planning d'obsolescence du matériel informatique sur cinq ans. Tous les cinq ans, vous devez jeter à la poubelle tout ce que vous savez et apprendre les caractéristiques d'une nouvelle gamme complète de matériels et de logiciels, en reléguant au crasier cosmique ce qui était autrefois fondamental dans vos vies"

C'est un long passage, mais n'est-il pas majestueux? Voici enfin une entrevue de George Stroumboulopoulos avec Douglas Coupland, dans laquelle vous apprécierez l'humour ironique de l'auteur (surtout au début), mais découvrirez aussi son parcours personnel difficile:


lundi 21 novembre 2011

Quel avenir pour le Bloc québécois?

Il y a une course à la chefferie au Bloc québécois, le saviez-vous? Suite à la débâcle du parti aux dernières élections fédérales et au départ du charismatique Gilles Duceppe, l'intérêt envers la formation bloquiste est manifestement toujours aussi faible. Pourtant, c'est ni plus ni moins de l'avenir de la formation dont il est question; et en parallèle l'avenir du projet de souveraineté du Québec.

Les candidats et le renouveau du parti

Trois candidats aspirent à prendre la tête du Bloc québécois. D'abord, Daniel Paillé (l'économiste du groupe et ancien député du Parti québécois), Maria Mourani (la criminologue porte-parole en matière de justice) et Jean-François Fortin (député de Gaspésie-Matapédia, diplômé en science politique). Peu importe le choix final, le nouveau chef pourra difficilement combler le vide laissé par Duceppe.

J'admets ne pas connaître très bien le parcours de ces trois candidats, mais j'ai un penchant pour le style et l'approche de Jean-François Fortin (il a été professeur au cégep, alors j'ai forcément un préjugé favorable). Sa jeunesse, sa fraîcheur et le bon contact qu'il semble avoir avec ses militants constituent une bonne base pour renouveler le parti. La volonté de Maria Mourani de réouvrir complètement le programme du parti est aussi rassurante, car le Bloc doit effectivement faire un sérieux examen de conscience.

Voici trois tâches qui m'apparaissent cruciales pour le Bloc dans les prochains mois.

1- Consolider la base: Depuis les dernières élections, le Bloc a perdu 4 000 membres. Il doit refaire le plein, notamment pour assurer son avenir économique, car le financement public des partis politiques disparaîtra d'ici quatre ans. Le Bloc avait cruellement besoin de ce financement.

2 - Suivre de près le travail du NPD: On le sait, c'est le NPD qui a remplacé le Bloc comme parti fédéral dominant au Québec. Si le Bloc veut récupérer sa place, il doit montrer comment le NPD a beaucoup de difficultés à défendre les intérêts spécifiques du Québec. Par exemple, l'appui du NPD à ce qu'un juge unilingue anglophone soit nommé à la Cour suprême est inacceptable. Le Bloc doit compiler toutes ces maladresses du NPD et les faire connaître.

3 - Repenser le projet de souveraineté: Le Bloc est souverainiste et doit le rester. C'est la raison d'être et l'âme du parti. Mais ne pourrait-on pas repenser la façon de contribuer à la réalisation de ce projet? Je fais le rêve audacieux d'un Bloc qui se transformerait en parti pan-canadien (oui vous avez bien lu!) et militerait pour la création d'une véritable confédération, sur le modèle de l'Union européenne. Le projet de souveraineté de René Lévesque (allez relire son court essai Option Québec) s'appuyait sur cette idée. Le Bloc pourrait ainsi créer des alliances avec les forces autonomistes provinciales que l'on retrouve un peu partout au Canada, par exemple en Alberta et à Terre-Neuve. Le parti pourrait alors s'appeler le Bloc confédéral canadien.

Il est vrai que cette idée aurait été plus facilement réalisable avec Gilles Duceppe comme chef, car il bénéficiait d'un capital de sympathie considérable au Canada anglais.

Toujours est-il que le Bloc a besoin d'un électrochoc, sinon il ne survivra pas à cette crise. Selon-vous, que doit faire le parti pour assurer son avenir?




mercredi 16 novembre 2011

Pourquoi la CAQ de Legault ne me convainc pas?

C'est officiel, la Coalition pour l'avenir du Québec est maintenant un parti politique. Cette annonce de lundi n'a surpris personne, sauf qu'elle aura permis de savoir encore davantage à quelle enseigne loge celui qui deviendra vraisemblablement le chef de la nouvelle formation, François Legault.

On en a ainsi profité pour dévoiler le nouveau logo de la formation qui, contrairement aux multiples quolibets qu'on lui a adressés, me semble plutôt joli sur le plan visuel et graphique. Mais cela est malheureusement bien peu pour rallier des électeurs et juger de la crédibilité d'un parti politique.

Ce qui devrait surtout nous intéresser, c'est bien entendu les idées présentées par la Coalition et la qualité des personnes qui font partie de l'équipe. Sur ces deux aspects, la CAQ est loin de me convaincre.

Sur le plan des idées

La Coalition Avenir Québec a précisé ses priorités dans un court plan d'action le 14 novembre. Je vous mentirais en disant qu'aucune des idées qui y sont présentées ne sont intéressantes. Par exemple, s'engager à fournir un médecin de famille pour chaque Québécois, renforcer les pouvoirs de l'Office québécois de la langue française, rehausser le financement des université et le salaire des enseignants (en échange d'une évaluation plus serrée) ou encore utiliser la clause dérogatoire pour interdire l'utilisation des écoles passerelles sont toutes des actions qui m'apparaissent nécessaires. Encore faudrait-il que la CAQ explique avec plus de précisions les méthodes qu'elle entend utiliser pour mettre en place ces mesures, ce qu'elle n'a pas fait jusqu'ici.

D'autres idées me laissent toutefois très perplexes, notamment cette volonté d'abolir de nombreuses structures bureaucratiques (commissions scolaires et agences de santé) ou encore de financer les établissements de santé en fonction du volume de soin dispensé. La CAQ adopte une approche "affairiste" et comptable de la société qui ne me plaît pas. On ne gère pas une société comme on gère une entreprise et l'ancien président d'Air Transat jette parfois un regard trop "mathématique" sur les rapports sociaux. Ainsi, pour mesurer la "performance" des enseignants, Legault a longtemps suggéré que ceux-ci soient évalués en fonction des résultats des étudiants, une idée absurde. Il a heureusement nuancé ses propos à cet égard depuis quelques jours. Rappelez-vous aussi que lorsque M. Legault était ministre de l'Éducation au Parti québécois, il avait mis en place les fameux contrats de performance avec les universités, qui n'avaient pas donné les résultats escomptés.

Des idées intéressantes donc, d'autres qui le sont moins. Mais que dire des idées qui elles, sont carrément absentes? Rien sur l'environnement, rien sur les villes et le transport, rien sur les aînés, rien sur les garderies... Je comprends que la CAQ veuille maintenir le suspense sur ses intentions et son programme, mais je suis inquiet de constater que la CAQ suscite un tel engouement chez les Québécois, alors qu'elle n'a pas pris position sur des enjeux aussi cruciaux.
La CAQ ne prend par ailleurs pas de position claire sur la question nationale. En minimisant l'importance de cette question, on se demande comment le parti réagirait sur des dossiers intergouvernementaux comme la fiscalité, la justice, les relations internationales, les transferts financiers, etc.

La personnalité

Sur le plan de l'image et du charisme, M. Legault ne m'inspire pas. Je ne sens pas la flamme qui l'anime lorsqu'il prétend vouloir changer le Québec. Je me méfie aussi des politiciens qui lancent des idées comme des "ballons d'essais" (voir le texte sur mon blogue à ce sujet), pour ensuite les changer au gré des humeurs de la population. Même s'il est vrai qu'un parti ne doit pas hésiter à s'ajuster aux demandes du peuple, il doit aussi savoir faire preuve de leadership et amener la population à adhérer à des idées tout à fait nouvelles. Peut-on croire que lors de la Révolution tranquille dans les années 1960, le PLQ de Jean Lesage n'ait pas initié des changements plus rapides que ce que la population réclamait? Même chose entre 1976 et 1980, où le PQ a carrément mis en chantier une deuxième Révolution tranquille. Il me semble que les périodes de notre histoire qui ont été les plus fécondes sur le plan législatif sont celles où les partis politiques ont fait preuve d'audace et de courage.

Dans le plan d'action de la CAQ, je ne vois rien de véritablement nouveau. La plupart des idées présentées sont défendues par les partis déjà existants sur la scène provinciale. On dirait une sorte de liste d'épicerie aux éléments disparates, sans vue d'ensemble. Il vous fait rêver et donne envie de vous impliquer, ce plan d'action? Si oui, je serais curieux de savoir pourquoi.

Si l'aspect "nouveauté" vous attire, n'avez-vous pas pensé que le Québec n'a jamais eu de femmes à la tête de l'exécutif? Pourtant, deux aspirent à cette fonction, en l'occurrence Françoise David et Pauline Marois. Voilà un simple changement qui m'apparaît à lui seul plus inspirant que tous ceux présentés par la CAQ. Je préfère donc pour le moment donner mon appui à l'une d'entre-elles.

mardi 15 novembre 2011

Kempf et les oligarques

Je lis en ce moment l'ouvrage d'Hervé Kempf intitulé "L'oligarchie, ça suffit, vive la démocratie". Il s'agit d'une lecture pertinente dans le contexte actuel, celui du mouvement des indignés que l'on retrouve un peu partout à travers le monde.

Hervé Kempf est un Français qui a commencé sa carrière professionnelle en tant que journaliste dans le domaine des sciences. Il se préoccupe surtout des questions liées à l'écologie. Il a tenu une rubrique dans la revue Courrier International et travaillé pour le journal Le Monde. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages.

Le mythe de la démocratie

Comme je n'ai pas encore terminé l'ouvrage de Kempf, je ne vous présente que la thèse principale de son livre. En gros, Kempf affirme que les régimes politiques que l'on qualifie aujourd'hui de démocraties ont été dénaturés et qu'ils s'apparentent plutôt à des oligarchies, voire à une seule grande oligarchie internationale.

L'auteur rappelle d'abord la définition du terme. L'oligarchie est un régime politique dans lequel les pouvoirs sont entre les mains d'un petit groupe de personnes et dont le fondement peut-être soit l'armée, la tradition ou l'argent (ce que soutient Kempf). Kempf prend bien soin de rappeler qu'une oligarchie n'est pas une dictature et que les citoyens peuvent donc y vivre de manière relativement confortable.

Kempf s'appuie sur de nombreux chiffres pour étayer son affirmation que le pouvoir glisse de plus en plus vers une petite élite d'ultra-riches. Par exemple, aux États-Unis, les 1% les plus riches ont vu leur part du revenu national passer de 8% au début des années 1980, à 16% dans les années 2000. La part de revenu des 10% les plus riches a quant à elle passé de 25% à 27% pour la même période.

Kempf révèle aussi l'existence d'un club fermé dont les activités sont peu médiatisées - le groupe Bilderberg - qui attesterait sa thèse de l'existence d'une oligarchie internationale. Né en 1952, ce groupe réunit l'élite américaine et européenne (hommes politiques, PDG de compagnies, personnalités de la finance...) afin de discuter de lignes d'actions communes pour protéger leurs intérêts. Kempf ne va pas jusqu'à parler de complot, mais plutôt de partenariat très serré.

Jusqu'ici l'ouvrage de Kempf est intéressant et j'espère qu'il contribuera à ce que davantage d'auteurs fassent de l'oligarchie un objet d'études, car c'est une question peu abordée par les politologues.

Sans adhérer encore tout à fait à la thèse de l'auteur, il faut admettre toutefois que les nouvelles de ce matin tendent à lui donner raison. On apprenait ainsi que le nouveau président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le nouveau président du Conseil italien Mario Monti et le nouveau premier ministre grec, Lucas Papadémos ont entretenu des liens étroits avec la célèbre banque d'affaires Goldman Sachs, celle-là même qui a contribué à masquer la dette grecque pendant de nombreuses années!

Avouons qu'il est difficile de ne pas penser que le monde des affaires vient de mettre en place les candidats parfaits pour travailler à reconstruire l'Europe en fonction de leurs intérêts....oligarchiques!

jeudi 10 novembre 2011

Salut, Godin!

Le réalisateur du documentaire sur Gérald Godin, Simon Beaulieu, était de passage hier au Collège Édouard-Montpetit pour une projection publique de son film. Le documentaire est sorti en mars 2011 et je n'avais toujours pas eu l'occasion de le visionner.

Simon Beaulieu est un jeune réalisateur qui avait déjà un documentaire à son actif, celui sur le peintre québécois Serge Lemoyne. M. Beaulieu a aussi été critique de cinéma pour la revue Séquences, entre 2002 et 2006. C'est à cette date qu'il entame son projet de film sur Gérald Godin. Au terme de cinq ans de recherches dans des documents d'archives et d'entretiens avec des personnalités proches de Godin, son projet voyait enfin le jour.

Godin le passionné

Une des raisons qui a poussé M. Beaulieu à s'intéresser à M. Godin, c'est qu'il admire chez lui la passion et le dévouement qu'il avait non seulement pour son métier de politicien, mais aussi pour son oeuvre poétique et littéraire. Selon M. Beaulieu, nous manquons cruellement de figure politique de l'envergure de M. Godin à l'heure actuelle et son film cherche certainement par là à nous présenter un modèle d'engagement inspirant.

Gérald Godin (1938-1994) a commencé sa carrière comme journaliste au Nouvelliste, puis à Radio-Canada. En 1963, il fonde avec d'autres écrivains la revue Partis pris, une publication indépendantiste et révolutionnaire. Lors de la crise d'octobre 1970, il est d'ailleurs mis en prison, probablement en raison de cette implication à Parti pris. Godin publie aussi de nombreux recueils de poésie. Lorsqu'il devient politicien, ses discours se transforment alors en véritables créations littéraires.

Il commence sa carrière politique en 1976 au sein du Parti québécois. Sa première victoire comme candidat est spectaculaire, puisqu'il l'emporte dans la circonscription de Mercier face au premier ministre sortant Robert Bourassa. Il est réélu en 1981 et accomplit un travail remarqué au ministère de l'Immigration et des communautés culturelles. Il tisse des liens étroits avec la communauté grecque de Montréal et milite ardemment pour que Parti québécois évolue vers une conception civique de la nation.

Gérald Godin était l'amoureux de la célèbre chanteuse Pauline Julien. Elle était tout aussi passionnée et engagée que lui, notamment envers la cause de la souveraineté du Québec. On retrouve plusieurs chansons de Pauline Julien dans le documentaire de Simon Beaulieu, entre autres la superbe et touchante Mommy.

À la fin de son parcours, Godin est atteint d'une tumeur au cerveau, mais continue malgré tout son travail de député.

Le documentaire de M. Beaulieu revient sur toutes ces grandes périodes de la vie de Gérald Godin. On y voit aussi plusieurs images d'archives (Trudeau à la St-Jean en 1968, crise d'octobre 1970, référendum de 1980...) qui nous permettent de nous plonger dans l'histoire du Québec. On y trouve des entrevues intéressantes avec Denys Arcand, Jacques Godbout ou encore Jacques Parizeau.

Simon Beaulieu estime qu'aujourd'hui, un seul politicien a la trempe d'un Gérald Godin, et c'est Amir Khadir de Québec Solidaire. Justement, M. Khadir est député de Mercier, la circonscription où M. Godin a débuté sa carrière politique. Lors de son assermentation en tant que député, Khadir a d'ailleurs cité un poème de Godin:

T’en souviens-tu Godin,
Asteure que t’es député,
De l’homme qui frissonne
En attendant l’autobus du p’tit matin
Après son shift de nuit.

T’en souviens-tu
Des mal pris qui sont sur le bien-être,
Celui qui couche dans la neige,
Ceux qui ont deux jobs
Pour arriver à se bûcher une paie comme du monde.

T’en souviens-tu Godin,
Qu’il faut rêver aujourd’hui
Pour savoir ce qu’on fera demain.

Un vibrant rappel que le rôle premier du député est d'être à l'écoute des citoyens. C'est donc d'abord à eux qu'il doit prêter allégeance, et non à la reine du Royaume-Uni comme l'obligent nos procédures parlementaires!

Voici un extrait du documentaire:

mardi 8 novembre 2011

Le mystère grec (2e partie)

Pour solutionner la crise de la dette de la Grèce, quelles mesures ont été prises dans les derniers mois?

Et bien les gouvernements européens sont entrés en scène - Angela Merkel (Allemagne) et Nicolas Sarkozy (France) au premier rang - afin de venir supporter financièrement la Grèce, même s'ils étaient au départ hésitants. D'une part, ils étaient réticents à enfreindre une règle de l'Union européenne stipulant qu'on ne peut pas empiéter sur la souveraineté d'un État en influençant l'élaboration de son budget national. De l'autre, l'opinion publique - surtout allemande - ne souhaitait pas qu'on vienne en aide aux Grecs qui sont considérés comme irresponsables, paresseux et mauvais gestionnaires.

Les plans de sauvetage

Après moult discussions, on a toutefois accouché d'un premier plan de sauvetage, le 11 avril 2011. Des prêts sont alors consentis à la Grèce (30 milliards d'euros) à des taux "favorables". Ces prêts sont accordés par les membres de la zone euro et par le Fonds monétaire international (FMI), une organisation créée en 1944, dont le mandat officiel est de "veiller à la stabilité et de prévenir les crises du système monétaire international".

Il y a eu depuis d'autres plans de sauvetage, dont celui du 9 mai 2011 qui débloquait cette fois 110 milliards d'euros sur trois ans pour la Grèce. Le dernier plan, adopté à la fin du mois d'octobre, prévoyait une aide de 130 milliards d'euros, de même qu'un effacement d'une partie de la dette (100 milliards sur 350). On a aussi accepté la recapitalisation des banques afin de les aider à faire face aux pertes subies en conséquence de l'effacement d'une partie de la dette grecque. Enfin, le Fonds européen de stabilité financière (une sorte de fonds de solidarité) a été renfloué.

Privatiser les profits, socialiser les pertes.

Les conséquences de ces plans de sauvetage sont directes et surtout dramatiques dans la vie quotidienne des Grecs. Athènes a été mis sous étroite surveillance et son gouvernement se doit de réduire drastiquement ses dépenses. Le secteur des dépenses sociales a solidement écopé. L'âge de la retraite a ainsi été ramené à 67 ans, les pensions réduites de 7%, les salaires de la fonction publique diminués de 15%, la TVA (taxe de vente) augmentée de deux points, les critères pour obtenir l'aide sociale ont été resserrés, les impôts ont été augmentés.... Et la liste est encore longue! Voilà pourquoi les Grecs sont massivement sortis dans les rues pour protester - avec justesse - contre ces coupes draconiennes.

En fait, c'est cette désagréable impression que les Grecs ressentent d'avoir à faire beaucoup plus d'efforts que les grandes institutions financières pour résoudre la crise. Même si une partie de la dette a été réduite, cela est jugé bien insuffisant. Les idées pour mieux règlementer les marchés financiers ne manquent pourtant pas. Pourquoi ne pas interdire les produits dérivés de type CDS (voir la description de ces produits sur mon blogue)? Pourquoi ne pas adopter une taxe sur les transactions financières (même Nicolas Sarkozy lui est favorable)? Pourquoi ne pas mieux séparer les banques d'épargne et les banques d'investissement? Pourquoi ne pas mieux encadrer le rôle des agences de notation? Et l'idée du candidat à la primaire socialiste française, Arnaud Montebourg, de faire entrer des représentants de l'État sur les conseils d'administration des banques me semble intéressante, même si certains la considèrent radicale. La réduction des dépenses militaires de la Grèce, l'imposition plus grande des banques et des plus fortunés font aussi certainement partie des alternatives à considérer.

Je n'ai évidemment pas la prétention ici d'avoir la solution à la crise grecque. Mais l'idée centrale est simple: trouver un meilleur équilibre entre le fardeau imposé aux citoyens grecs et celui du secteur financier.

Les conséquences politiques

Sur le plan national, la crise grecque aura couté au premier ministre George Papandréou son poste puisqu'il a annoncé sa démission le 6 novembre dernier. Plusieurs ministres de son parti (Pasok) ont exigé son départ, car l'idée de tenir un référendum national pour entériner le dernier plan de sauvetage en a scandalisé plus d'un. M. Papandréou avait reculé sur cette question, mais le mal était fait.

Sur le plan européen, cette crise pourrait annoncer le prélude au démantèlement de l'Union européenne. La sortie de la Grèce de la zone euro et de l'Union européenne est un scénario envisageable et enverrait un signal fort pour l'avenir de cette confédération. Alors qu'on croyait que la création de l'Union européenne allait sonner le glas des identités nationales, le départ de la Grèce annoncerait plutôt la difficulté, voire l'impossibilité de la chose. Les réticences de l'Allemagne à venir en aide à la Grèce démontrent aussi comment l'intérêt national est toujours présent en Europe.

Enfin, sur le plan symbolique, il serait assez paradoxal de voir "le peuple fondateur de la démocratie" être le premier à quitter l'Union. On pourrait alors être tenté de se dire que la démocratie passe - pour le meilleur et pour le pire - par les petits États et par le bon vieux principe du "small is beautifiul".




dimanche 6 novembre 2011

Le mystère grec (1re partie)

Les causes de la crise qui secoue la Grèce - et l'Europe - à l'heure actuelle s'apparentent à un mystère. Pour le citoyen québécois moyen, les récentes tergiversations européennes sur la dette et les déficits budgétaires de l'État grec, ou encore les plans d'aide aux grandes institutions bancaires sont des choses bien abstraites et loin de nos préoccupations quotidiennes.

D'une part, le langage économique correspond à un discours d'initiés qui est parfois compliqué à saisir. Il est facile de s'en désintéresser. D'autre part, les Québécois sont en règle générale peu préoccupés par les questions de relations internationales, et encore moins par les questions économiques. Probablement que notre conscience collective empreinte de catholicisme et de méfiance vis-à-vis l'argent y est pour quelque chose.

Pourtant, la crise qui secoue l'Europe déstabilise d'ores et déjà l'économie mondiale et risque de faire imploser cette organisation politique confédérale (l'Union européenne) qui se voulait un modèle pour le monde. Il est donc impératif d'y réfléchir.

Que se passe-t-il en Grèce? Quelles ont été les solutions proposées à cette crise? Sont-elles appropriées? Quelles sont les implications politiques reliées à l'instabilité économique de la Grèce?

Les origines de la crise

L'élément central au coeur de la crise est incontestablement la dette. Celle-ci atteignait 142,8% du PIB en 2009. Le montant total de la dette actuelle est estimé à 350 milliards d'euros. Les déficits du gouvernement grec sont eux aussi faramineux, celui de 2009 atteignant 15,4% du PIB et celui de 2010, 9,4%. Les Grecs sont donc étouffés par leur dette et les intérêts qui y sont liés et leur État est en situation de quasi faillite (même si un État ne fait pas faillite au sens d'une entreprise). Il devient alors difficile de financer les services normalement fournis par l'État.

Un autre problème important est lié à l'intégration de la Grèce dans l'union monétaire européenne en 2001. Celle-ci a entraîné une forte inflation, contribuant à rendre les produits grecs moins compétitifs. La Grèce souffre donc d'un déficit commercial important (elle importe plus qu'elle n'exporte), alourdissant d'autant plus le problème de la dette.

Voici d'autres facteurs importants à considérer pour comprendre la crise économique grecque:

La crise des subprimes: En 2007, aux États-Unis, les ménages américains ne peuvent plus rembourser leur prêt immobilier, consenti à des conditions trop avantageuses. Cette crise se transforme en crise bancaire, car plusieurs établissements financiers ne reçoivent plus les remboursements prévus. De grandes banques font des faillites en cascade et les États s'endettent davantage pour les sauver.

L'économie au noir: Selon l'organisme Transparency International, le poids de l'économie au noir correspond à 20%-30% du PIB grec. Une personne sur dix aurait déjà payé un fonctionnaire pour obtenir un service de l'État. La corruption dans la fonction publique est donc un problème sérieux. De plus, plusieurs groupes dans la société grecque ne paient pas ou très peu d'impôts, notamment les agriculteurs, les armateurs, l'Église orthodoxe et certaines professions libérales.

Le gouvernement lui-même - celui de George Papandréou - traficotait les chiffres (aidé par la banque Goldman Sachs) et a masqué pendant quelques années l'ampleur de la dette grecque!

L'augmentation des dépenses militaires: Elles représentent 5,6% du PIB (en 2010) de la Grèce et c'est proportionnellement le budget militaire le plus élevé parmi les États de l'Union européenne. Les tensions avec la Turquie à propos de l'île de Chypre et sur la souveraineté en mer Égée expliquent en bonne partie ces dépenses élevées et vraisemblablement exagérées.

La prolifération des produits dérivés: C'est un élément curieux et mystérieux du système financier actuel, qu'il est intéressant de connaître. Les Credit Default Swap (CDS) sont des titres d'emprunt qui s'apparentent à une assurance et permettent aux acheteurs de se prémunir contre un éventuel défaut de paiement d'une entreprise ou d'un État.

Le hic, c'est qu'il est possible d'acheter ce type d'assurance même si vous n'avez pas de titres grecs dans votre portefeuille! Dès lors, il est dans l'intérêt de ces investisseurs de voir la Grèce faire un défaut de paiement, pour pouvoir toucher la prime liée à cette éventualité.

Le rôle des agences de notation: Le rôle des agences de notation est d'évaluer la solidité financière et la capacité de remboursement d'une entreprise ou d'un État. Trois grandes firmes se répartissent cette tâche pour l'essentiel: Moody's, Standard and Poor's et Fitch Ratings.

Une des critiques adressées à ces firmes, c'est qu'elles reçoivent leur rémunération des émetteurs de titre, c'est-à-dire ceux-là même qu'elles sont censées évaluer! Cette situation est liée à la précédente: les spéculateurs dont le portefeuille est rempli de CDS mettent des pressions sur ces agences pour qu'elles abaissent la note de solvabilité d'un État, faisant du coup hausser la valeur de leur titre.

Par ailleurs, plus la note d'un État se dégrade, plus il lui est difficile d'emprunter à des taux avantageux sur les marchés. Il faut donc être très prudent pour ne pas faire entrer un État dans le cercle vicieux de la dette.

Les raisons de cette crise sont certainement plus profondes que ce que ma tentative de synthèse laisse entendre. J'aurais notamment pu développer sur la mise en application - par les États d'Europe et d'Amérique du Nord - d'un vaste programme de dérèglementation des marchés financiers dans les années 1980. Il y a certainement des réponses à chercher de ce côté.

Comme toujours, je vous invite à me laisser des commentaires pour améliorer notre compréhension de cet enjeu important.

Le prochain texte portera sur les solutions apportées au problème grec jusqu'ici, de même que celles écartées. L'aspect politique du problème sera aussi abordé.



jeudi 3 novembre 2011

Découvrir la bande dessinée politique.

Ces jours-ci, je suis plongé dans la bande dessinée politique. Ce sont des discussions avec des collègues et la sortie prochaine des Chroniques de Jérusalem du Québécois Guy Delisle qui m'ont donné le goût de revenir à ce médium méconnu. Avis aux intéressés, il est possible de lire cette bande dessinée gratuitement pour le moment, puisqu'elle est en prépublication sur le site du Monde.fr jusqu'au 11 novembre.

Guy Delisle est cet auteur qui avait entre autre publié l'album Pyongyang en 2003 et Chroniques birmanes en 2007. Suivant son épouse qui travaille pour Médecins sans frontières dans des pays où la situation politique est souvent instable, Delisle témoigne de ses observations et de ses réflexions à travers une narration axée sur le quotidien, sans pour autant sombrer dans le cliché ou la naïveté.

D'autres auteurs intéressants

En bouquinant dans la section des bandes dessinées à la bibliothèque, je suis ainsi tombé sur une biographie de Martin Luther King en trois tomes, écrite par Ho Che Anderson. C'est ce qui m'occupera dans les prochains jours.

Voici d'autres suggestions personnelles:

Art Spiegleman: Un auteur (né en Suède) classique de la bande dessinée politique. Son album Maus raconte la vie d'une famille durant l'holocauste et lui a valu un prix Pulitzer. C'est un incontournable.

Marjane Satrapi: Auteure de la bande dessinée Persepolis. Mme. Satrapi a grandi en Iran et raconte comment les libertés individuelles y sont restreintes. Elle raconte aussi les grands bouleversements politiques de l'Iran, notamment la Révolution islamique de 1979.

Didier Lefèvre (et Emmanuel Guibert): Lefèvre était un journaliste et photographe français. L'action de son album Le Photographe se situe en Afghanistan et nous plonge dans l'univers de Médecins sans frontières alors que le pays est sous occupation soviétique, dans les années 1980. La bande dessinée comprend aussi de nombreuses photographies, comme le titre de l'ouvrage le suggère.

Alan Moore: Un autre auteur classique. Son superbe V for Vendetta a été repris à l'écran en 2006 et on retrouve le masque du personnage principal de cette b.d. dans à peu près toutes les manifestations de gauche en Amérique du Nord! On y raconte les efforts d'un activiste anarchiste pour libérer ses concitoyens d'une société fasciste et totalitaire.

Chester Brown: Un auteur montréalais. En 2004, il publie une très intéressante biographie de Louis-Riel intitulée Louis-Riel, l'insurgé. Une bande-dessinée riche en informations, avec de multiples notes de bas de page!

Joe Sacco: Cet auteur né à Malte a publié dernièrement (2010) une magistrale bande dessinée sur le conflit israélo-palestinien intitulée Gaza 1956, en marge de l'histoire. Il s'était aussi fait remarquer pour ses bandes dessinées sur la guerre en Bosnie, notamment Gorazde, la guerre en Bosnie orientale. Ses dessins sont très crus, réalistes et violents. Des lectures troublantes.

J'aimerais que vous me fassiez des commentaires pour me suggérer tout autre auteur de bande dessinée politique qui mérite d'être lu. Je suis avide de nouvelles découvertes!

mardi 1 novembre 2011

Norman Mailer: le dur qui ne danse pas.

Je découvre en ce moment un véritable icône des lettres américaines: Norman Mailer (1923-2007). Icône car il a plusieurs romans à son actif, dont deux lui ont valu le prix Pulitzer: Les Armées de la nuit et Le Chant du bourreau. Mailer est reconnu pour être un auteur critique de la société américaine, dont les thèmes de prédilection sont la guerre, le crime et la violence. Son premier roman Les Nus et les Morts porte justement sur son expérience personnelle durant la Seconde Guerre mondiale.

Ces sujets ne sont évidemment pas très joyeux, mais c'est peut-être à l'image de l'auteur qui semble avoir connu des périodes difficiles dans sa vie, notamment celle où il agresse sa femme Adèle à coup de couteau, en 1960. Il fit par la suite un séjour de quelques semaines dans un hôpital psychiatrique.

Mailer ne fut pas seulement romancier, mais aussi essayiste et chroniqueur au Sunday Times et au New-Yorker. À la fin de sa vie, il était un féroce critique de l'administration du président George W. Bush.

Les vrais durs ne dansent pas

C'est à travers Les vrais durs ne dansent pas que j'entre dans l'univers de Mailer. Ce livre a été écrit en 1984 et a même été porté à l'écran (réalisé par Norman Mailer) en 1987. Je me promets de le regarder prochainement.

Les vrais durs ne dansent pas est un roman noir qui raconte l'histoire de Tim Madden, un écrivain paumé et alcoolique qui vient de se faire laisser par sa femme. Un matin, Madden se réveille avec une incroyable gueule de bois et découvre non seulement du sang dans sa voiture, mais aussi la tête coupée d'une femme blonde dans un champ où il cache normalement sa marijuana! Madden n'a aucun souvenir de sa dernière nuit et se demande s'il ne pourrait pas être l'auteur de ce crime sordide. C'est ce qu'il tente de découvrir au fil de l'histoire.

Pour faire un parallèle avec le cinéma, l'atmosphère qui se dégage de Les vrais durs ne dansent pas est semblable à celle du film Fargo (1996), réalisé par les frères Cohen. Un peu à la manière de Fargo, l'action du roman de Mailer se déroule dans un petit bled tranquille, Provincetown, où la plupart des habitants se connaissent de près et s'ennuient parfois un peu trop. L'univers de Mailer me fait aussi penser à celui d'un Charles Bukowski, en ce sens que les excès d'alcool, de drogues et de sexe occupent une place centrale.

J'ai adoré ce bouquin et vous le recommande donc chaudement. Je cours maintenant me procurer Le Chant du Bourreau, qui selon plusieurs serait son chef-d'oeuvre. Mailer y raconte l'histoire d'un meurtrier condamné à mort souhaitant être exécuté par fusillade (!) le plus tôt possible.

Et vous, avez-vous lu Norman Mailer? Quelles sont vos suggestions?